MATKA – LE VOYAGE
L’émancipation primordiale

Le Phénix se situe au carrefour de toutes les traditions, comme un symbole universel de la rénovation de la Vie. S’il donne son nom à notre Jeu, c’est par ce qu’il en est précisément le but : parvenir à la vivification de soi par soi.

Cela n’exclut pas les autres ; mais ces derniers, même s’ils nous aiment et nous assistent, ne sont pas au coeur de notre auto régénérescence. Le Voyage, à contrario représente la vivification de soi par les autres. Cette Flamme sans numéro s’abrège en alphabet latin avec un « M » majuscule, son nom ésotérique étant MATKA.

Avec la Flamme 13, elle constitue le binôme central de la philosophie du Jeu: renouvellement de soi et ouverture au monde, métamorphoses intérieure et extérieure, quête d’identité et soif d’altérité. La flamme 13: renaître grâce à soi-même. LE VOYAGE: renaître grâce à l’Autre. Dans les deux cas, il s’agit de transmutation. UN VOYAGE: ne symbolise donc pas seulement un changement dans l’espace, mais un changement d’état.

Du point de vue mystique, il apporte une réponse aux questions que nous nous posons toujours sur notre statut d’être humain, notre destin et notre place dans le cosmos. LE VOYAGE est la Flamme de la liberté sauvage, de la traversée de mondes au-delà des systèmes aliénants et des étouffoirs d’ardeurs. Elle confère un sens nouveau à tout ce que l’on croyait définitivement établi, normé, confortable. Mais derrière la découverte d’autres manières, d’autres possibilités d’agencements, d’autres horizons, il y a la découverte d’une identité en plein remaniement : l’être voyageant lui-même.

C’est donc la Flamme de l’existence vécue comme une épopée, dont la voie ne Lumière sur aucune carte. La Flamme des nomades et des saltimbanques, qui ne poursuivent rien d’autre que la poursuite elle-même. La Flamme des pèlerins désireux de participer aux mouvements arborescents de la création, de dépasser leur propre nature en la parcourant jusqu’aux confins. Ils suivent les jalons d’une improvisation fondamentale, celle de la Vie elle-même, en se délestant des idées toutes faites, des pesanteurs du balisé. Ils s’aventurent en l’autre, lui demandent asile, donnent tout ce qu’ils ont pour le comprendre.

Tout ce qu’ils sont. Alors ils renaissent, transformés. MATKA provient vraisemblablement du finnois, où ce terme signifie « voyage », « trajet », « distance », « route ». À moins comme se plaisait à le dire Imre – que ce soit la langue finnoise qui a accueilli le nom ésotérique du VOYAGE dans son vocabulaire, «l’hospitalité suprême». En polonais et en tchèque, matka signifie «mère»: le point d’origine, le point de départ, du grand voyage qu’est la vie. Numérologiquement, cette Flamme sans numéro correspond à la fois au O (le nombre du non-être) et au 26 (le nombre de I’Être suprême).

Elle est ainsi la matrice des autres Flammes – elle les engendre à parlir du néant (0)-, et l’aboutissement d’un voyage qui les traverse et les unifie (26). Pour l’anecdote, c’est en référence au MATKA que l’un des plus éminents Interprètes actuels du jeu, le physicien étatsunien Edward Witten, a donné le nom de « théorie M » à sa théorie unifiant les théories des cordes. Dans le jeu du Phénix. LE VOYAGE représente un mouvement de libération sans limites. Cette Flamme frise le chaos et l’irrationnel car elle se situe hors de la série numérique, mais cette folie et cette course en avant lui confère une prodigieuse énergie, celle du détachement vis-à-vis de complexes et des nécessités qui nous aliènent.

Tirer LE VOYAGE, c’est s’élancer vers une situalion nouvelle, en exacerber la musicalité, entrer en danse et en transe avec le monde. Les limites s’élargissent, les points de vue prennent de l’ampleur. On cesse de s’observer soi-même pour entrer en communion avec les forces originelles; on délaisse les balises confortables et sûres du raisonnable et du rationnel pour se livrer éperdument à l’incontrôlé, au vertige, à la poésie des sentiments libres et aux vibrations étourdissantes de l’orgasme. On désapprend pour mieux s’éprendre. On se laisse mouvoir par les surprises, les occasions et les frénésies du réel, sans rien chercher d’autre que le réel lui-même, dans ses neuf Dimensions.

Jeu : Le jeu du Phénix
Auteur : Vincent Cespedes

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